* Validée par : Mamzelle et Yul'Dwin
* Titre : La Légende de Catherine Lington
* Personnages principaux : Elle (on peut l'adapter pour un lui) puis le fantôme de Cathy
* Warnings : C'est censé foutre au moins la chair de poule, à vous de voir !
* Quelques précisions : Ce One Shot avait été écrit pour Halloween (pour le SadikLand !
)
La Légende de Catherine Lington
Il fait nuit. Le ciel noir pleure ses larmes blanches sur ton sommeil. De petites étoiles brillantes qui viennent s’écraser dans le froid d’une ruelle déserte et fondent sur la route déjà humide. Le vent glacial de décembre vient te chercher jusque dans ton lit. Tes rêves s’envolent.
Il te réveille.
Non, tu n’arrivais pas à dormir.
Quelle nuit silencieuse. Pas un bruit, pas une lumière ne perce cette sombre nuit d’hiver. Seul ce vent, ce satané vent qui t’as tirée des douceurs du sommeil, se fait entendre au dehors.
Lentement, tes yeux s’habituent à la pénombre et tes oreilles au silence trop calme. Te voilà capable de capter le moindre détail. Et celui-ci ne tarde pas à se faire entendre. Oui, tu l’as bien entendu, ce claquement, ce bruit sourd. Ta curiosité est en éveil. D’où provient-il ? Qu’est-ce qui a bien pu claquer ?
Tu sors de la chaleur de ton lit douillet. Tes pieds nus entrant en contact avec le sol froid te font frissonner. Doucement, tu te faufiles hors de ta chambre.
La porte grince, le parquet grince.
Tes yeux sont grands ouverts, attentifs et, sur le qui-vive. A pas de chat, tu marches lentement jusqu’aux escaliers. Ton souffle s’accélère petit à petit. Tu voudrais observer en bas, mais pour cela, il faut que tu descendes. Alors tu mets un pied sur la première marche, puis tu traines le second, et le bois craque sous la pression. Tu t’apprêtes à quitter cette marche quand, de nouveau, ce bruit sourd retentit et t’arrêtes dans ta lancée.
Tu es figée d’angoisse, pris par surprise par la peur. Ton cœur bat encore plus vite après s’être arrêté si violemment. Tu reprends ta respiration, souffles pour te détendre puis continues dans ta tâche du silence pour descendre. Une marche, deux marches, trois marches …
BAM ! Encore ce bruit. Cette fois, tu en es sûr, il vient de la cuisine. Ta curiosité est d’avantage encouragée. Tu finis de descendre, toujours silencieusement mais plus vite.
Aucune lumière n’éclaire ton chemin. Tu tâtonnes les murs, autour de toi, pour te diriger. Cette angoisse qui t’oppresse la poitrine t’énerve et engendre l’inquiétude.
Il faut que tu saches, pour en finir.
Tu longes le mur, traverses la salle à manger et aperçois l’entrée de la cuisine. Le bruit retentit de nouveau, plus fort, plus nettement. Il t’intrigue. Comme un frappement sur du verre... Un léger courant d’air t’effleure les chevilles, te faisant trembler le corps entier, passant comme un courant électrique dans tes jambes, remontant le long de la colonne vertébrale, longeant les bras jusqu’au bout des doigts pour finir tout aussi intense dans ta nuque. Tes mains auparavant chaudes sont maintenant froides. Tu ne demandes qu’à remonter te recoucher dans ton nid de chaleur. Mais il faut que tu saches. Il faut que tu arrêtes ce bruit. C’est insoutenable.
Tu entres enfin dans la cuisine. La pièce est légèrement éclairée par le clair de lune pénétrant par la fenêtre, face à toi et se reflétant sur le carrelage. Une ombre passe devant celle-ci. Tu es plus attentif et plus réceptif que jamais. De nouveau cet horrible bruit glacé qui te parvient parfaitement. La vitre en face de toi. La solution à un mètre de toi. Tu t’approches. Doucement, tu tends la main puis saisis la poignée. Tu hésites. Mais tu te résignes. La peur ne sert à rien. Pas plus convaincu, tu tournes délicatement puis l’ouvres. Le vent t’attaque soudainement au visage. Une ombre gigantesque se dresse devant toi. Désorientée, et ballotée au gré du vent, tu aperçois enfin ce qui t’effraie. Tu tends la main. Persuadé, sûr de toi, tu tends la main dans le vide dans l’espoir d’attraper la cause du bruit.
Puis comme surgit de nulle part, une petite main sort de l’obscurité pour accrocher la tienne. Elle est froide, horriblement froide et elle t’en brûle la peau. Tu cries de terreur. Tu cries parce qu’à ce moment c’est tout ce que t’arrives à faire. Tu cries car cette main te tire d’avantage vers elle. Tu cries car ces doigts si fins, si jeunes, si glacés, si morts s’enfoncent dans ta peau. Tu cries car elle te sert de plus en plus fort et que tu n’arrives pas à t’en débarrasser.
« Aide-moi … Aide-moi ! Laisse-moi entrer ! »
Tente-elle d’articuler. Une voix de petite fille. Un visage d’enfant apparait dans la pénombre du froid qui te gèle sur place. Un visage livide, comme mort. Tu n’arrives plus à bouger. Ton visage se déforme par la terreur. Tu cries encore, encore, encore. Et cette voix résonne à tes oreilles. Tu n’entends plus qu’elle, plus qu’elle te suppliant… et tu cries.
‘ La peur est une preuve qu’on est vivant, mais à ce moment, tu en aurais crevé.’
Ton cœur s’est arrêté et tu ne veux plus respirer. Tu veux juste fermer les yeux et que cette horrible peur te lâche, que cette main te lâche. Tu ne sens plus que ta peau et ses doigts qui se resserrent encore et encore … Tu as mal et tu cries, tu cries…
« Marie ! Bon sang ! Enfin arrête !! »
Et là, tu ouvres les yeux. La lumières t’aveugle. Ton frère se tient à côté de toi, te secouant incessamment l’épaule. Oui regarde-le, c’est bien lui. N’est plus peur. Lentement, tu tournes la tête. Face à toi, la fenêtre ouverte et autour de ton poignée toujours tendu devant toi … une branche ! Une simple branche … Mais le souvenir de ton rêve te revient soudainement. Dans un sursaut, tu retires vivement ta main et referme la fenêtre.
« - Ah ! Ca y est, tu reviens à la réalité ? Je ne savais pas que tu étais somnambule Mariel ! Tu devrais faire attention…
- Merci Seb’, lui soupires-tu. »
Ton cœur reprend enfin un rythme normal. « J’ai failli en crever » chuchotes-tu, mais il ne t’as pas entendu. Puis ensemble, vous retournez vous coucher. Dehors, les petites étoiles du ciel blanc continuent de flotter dans l’air.
Ce soir là, Catherine Lington ira frapper à une autre fenêtre, pour vingt ans encore.
FIN
Explications : La légende de Catherine Lington vient en fait du roman 'Les Hauts de Hurlevent'.
C’est une légende anglaise qui raconte qu’une petite fille, nommée Catherine Lington se serait perdue dans les landes en voulant rentrer chez elle, un soir d'hiver. N'ayant jamais retrouvé son chemin elle serait condamnée à errer durant vingt ans, en cherchant sa maison. Elle frappe aux fenêtres la nuit et supplie le propriétaire de la laisser entrer.
Bien évidemment, ce n'est jamais arrivé...
Tralala vive les légendes qui font peur ! ^^’