Nom d'une Plume !
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 Course infernale.

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AuteurMessage
Oden9
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Oden9


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Date d'inscription : 10/07/2010

Course infernale. Empty
MessageSujet: Course infernale.   Course infernale. EmptyDim 11 Juil - 0:07

A gauche, personne.
A droite, personne.
Alors
on court. Pieds nus. Le bitume est brulant. Au début, c'est une
sensation agréable, puis les reliefs de ce goudron deviennent
dérangeants, douloureux : intenses. On ne peut pas regarder derrière.
Ce serait une erreur. Impardonnable. Alors laisser nos jambes se
déployer de toute leur longueur, rebondir sur nos appuis et prendre de
la vitesse, en oubliant nos pieds qui au fur et à mesure se
désensibilisent tant ils s'égratignent. On se rassure du vent que notre
course provoque, de ces bourrasques dans nos cheveux, qui dégagent
notre front ruisselant et nous font croire que l'on respire bien.
Pourtant l'air est sec. Sec comme un ciel harcelé par un soleil
éternel, ayant oublié le souvenir de la condensation. Notre corps
commence à s'installer dans un rythme presque naturel, on ne désemplit
pas, mais on se repose sur la constance de la mobilisation de l'effort,
et on garde l'espoir, le courage, on serre les dents, on se donne du
courage balançant des bras, pour ne pas s'arrêter. La peur au ventre.
La chaleur reste comme une sangsue, à comprimer notre corps et nos
espoirs. La nature est si forte, que l'homme ne peut gagner. Cependant
il peut se battre. Alors on se bat. On court, le regard droit, dans le
désir profond de voir apparaitre cet éden au loin, cette sortie, cette
trêve, qui s'éloigne plus on y pense. La silhouette de cette route
s'allonge au fur et à mesure qu'on perde ses forces pour en voir la fin.
Il
y a pourtant des choses éternelles. Comme la haine qu'elle a ressentie
en nous voyant achever cet homme, ce traitre, devant la porte de notre
maison. Comme la rage qui naquit en elle, alors qu'elle crut que
l'homme avec qui elle avait passé 8 ans de sa vie était un homme bon.
Comme la douleur de sa gifle sur notre joue, sèche, percutante. Son
départ dans le dégout et la haine était éternel. Et si on essaye de
s'en échapper, la vue nous soulage, mais la mémoire nous harcèle.
Toujours
là, dans le passé, brouillant le présent, étouffant le futur. Il
fallait donc courir. Pour fuir ce présent, et tenter de croire en un
nouveau futur. On l'aime pourtant cette femme, qui se livra corps et
âme à notre couple, qui mit tout son espoir et son amour en des
chimères.
Elle ne savait pas. Elle ne pouvait pas comprendre et elle ne prit pas même le temps d'essayer.
Cet
homme était celui qui avait tué notre enfant. En le voyant, la violence
de l'animal qui est en nous s'est délivrée avec frénésie, détruisant
l'enveloppe physique de cet être ayant tué l'innocence et le fruit de
notre amour. Nous étions incontrôlable, mais aurait elle pu faire
autrement en sachant qui il était ? Sûrement, elle aurait mieux fait.
Nous, nous en entions incapable. Alors, les miettes du monstre à nos
pieds, nous tournons la tête vers la femme de notre vie, qui d'un
regard détruisit toute l'estime que nous aurions pu avoir pour notre
personne.
Alors sans rien prendre, n'écoutant que notre peur, on a d'abord marché, vers la route qui va vers l'océan.
La seule qui menait, après des milliers de kilomètres, à une falaise, digne de notre honte.
La
course est folle, et le corps faiblit. On ne peut se prétendre
invincible. Le cœur meurtrit, le corps éreinté, pas même un embrun ne
vient nous piquer la joue, pour nous encourager à finir les quelques
mètres nous menant à la délivrance.
Arrêt brusque. Chute sur nos
genoux. Notre buste qui se plie. Dernier regard vers l'infini et la
première goute salée que connait ce sol obscur, dernière larme d'un
être déshumanisé.
Nos yeux se ferment, l'éden arrive enfin, dans un dernier regret, pour elle.
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