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 Juillet 1928 de Jeremy Serano

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AuteurMessage
james13100
Plume débutante
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Masculin
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Date d'inscription : 22/01/2014

Juillet 1928 de Jeremy Serano  Empty
MessageSujet: Juillet 1928 de Jeremy Serano    Juillet 1928 de Jeremy Serano  EmptyMer 22 Jan - 17:54



Je m’appelle Augustin Martin, fils d’un brillant ingénieur parisien dont la réputation n’est plus à prouver, mais l’histoire contée ici s’est déroulée lors d’une chaude journée de 1928, l’année où Charles

Lindbergh réalisa ses expéditions en Antarctique.

Depuis mon plus jeune âge, je rêvais de parcourir une partie de l’Afrique, non pas en marchant ou à cheval, mais d’une façon bien particulière puisque je voulais voler comme le ferait le plus beau

des volatiles et le jour où les hommes inventèrent les premiers avions, j’eus la certitude que cela pouvait être possible.

L’Afrique était un continent qui éveillait toute ma curiosité et mon coup de crayon inné pouvait me permettre de réaliser, à la suite de ce voyage, le portrait de paysages grandioses que je vendrais

au reste du monde. Mon objectif était de survoler une partie du Kilimandjaro – montagne haute de plusieurs milliers de mètres – et, par la suite, de découvrir la vie de quelques animaux en

survolant une partie du Kenya. Le pays avait à mes yeux des couleurs si flamboyantes qu’elles en étaient foudroyantes de beauté.

Quand j’eus trente ans, après des années de dur labeur à essayer de monter mon rêve grâce au testament de mon père – car, sans la fortune qu’il m’avait laissée, je n’aurais jamais pu concrétiser

le projet –, j’avais construit un biplan sur le territoire africain avec tout le matériel que nous avions mené, une étape qui relevait de la plus grande difficulté mais nous y étions arrivés. Marie, ma

charmante épouse, m’accompagnait. C’était une belle et grande brune aux cheveux longs et aux yeux d’un bleu perçant. J’avais fait sa connaissance l’année précédente, ce qui m’avait permis de

découvrir la véritable signification du bonheur, d’autant plus qu’elle arrivait aujourd’hui au terme de son sixième mois de grossesse, ce qui me comblait profondément de joie.

Le 27 juillet, cette année-là, peu avant l’aurore, je m’apprêtais donc à m’envoler pour la première fois et je dois vous avouer qu’une certaine inquiétude m’avait soudainement envahi. Est-ce que tout

allait fonctionner ? Avais-je suivi à la lettre les recommandations des pilotes qui m’avaient donné des cours pratiques ? Aujourd’hui, ils n’étaient plus là et j’étais seul. Il fallait se lancer, je ne pouvais

plus reculer, Marie m’avait même suivi jusqu’ici pour que je puisse réaliser ce qui était cher à mes yeux, la contemplation de l’Afrique au lever du soleil, vue du ciel. Il y avait un millier d’étoiles qui

brillaient et le chant des insectes nocturnes de ce pays nous mettait dans un état de profonde sérénité qui prenait le dessus sur les questions que je me posais. Tandis que mon équipe technique

effectuait les dernières vérifications de l’appareil, Marie approchait vers moi, incroyablement élégante, son ventre bombé la rendant encore plus jolie à mes yeux.

— Mon explorateur est-il prêt ? me demanda-t-elle souriante.

— Oui, ma chère dame.

— Alors, revenez avec de belles images pour nous dessiner de merveilleux croquis.

— Ces tableaux nous rapporteront beaucoup.

— Je n’ai jamais douté de votre talent, cher Monsieur.

Il y eut un silence et j’en profitai pour caresser son visage avec la main libre qu’il me restait.

— Je vous aime, Marie, lui dis-je à travers un doux regard.

— Je vous aime aussi Monsieur l’explorateur.

— Je serai de retour avant le coucher du soleil.

— En espérant que des lions ne viennent pas faire connaissance avec nous.

— Ils tomberaient sous votre charme si tel était le cas.

Elle me fit le plus beau de ses sourires et nous échangeâmes un tendre baiser.

— Allez-y avant que le jour ne se lève. Ce serait dommage de rater ce moment que vous attendez depuis si longtemps.

— J’y vais de ce pas, alors.

Je lui donnai un second baiser, lâchai sa main à la peau douce, puis me dirigeai vers le biplan. Avant de monter à l’intérieur du cockpit, je me retournai et son regard croisa le mien. Je lui donnai

l’esquisse d’un sourire qu’elle me rendit. Je me mis ainsi au travail en vérifiant les différents cadrans du tableau de commande, j’allumai le moteur dans un vrombissement en faisant un signe amical

à mon équipe et en exerçant une légère pression sur le manche. L’avion avança sur une certaine distance puis se souleva de quelques mètres, ce qui fut pour moi un pur moment d’excitation mêlé

d’une profonde appréhension. Au moment où les étoiles se montraient sous leur plus belle apparence, l’engin s’envola et Marie retint son souffle à ce moment-là. Je regardai tout autour de moi pour

voir si tout se déroulait comme prévu mais rien ne laissait présager une quelconque difficulté. Quand j’atteignis une certaine hauteur, je compris que mon rêve prenait vie. Je survolais une afrique

qui avait occupé pendant tant d’années mes songes et qui se matérialisait à présent devant mes yeux.

Mon épouse était devenue une minuscule silhouette puis avait disparu à cause de la différence d’altitude entre le ciel et la terre chaude de ce continent si courtisé par le reste du monde. J’admirais

la fin de ce paysage nocturne mais ce qui attirait particulièrement mon attention étaient les lueurs de l’aube qui commençaient à donner un ton rosâtre à un ciel encore peuplé d’étoiles brillantes. Il

ne fallut que très peu de temps pour qu’elles disparaissent et laissent place à une énorme boule de feu que les astronomes avaient surnommé « le soleil ». Il se levait derrière l’horizon, comme pour

dominer le monde, m’offrant une des lumières les plus majestueuses qu’il ne m’ait jamais été donné de voir sur le Kilimandjaro. Je voyais de mieux en mieux ce panorama magnifique qui s’offrait à

moi et, après avoir effectué un parcours satisfaisant au sein de la montagne africaine, sans avoir pu voir les glaciers car mon avion ne me permettait pas de voler assez haut, je me décidai à

changer de direction en me dirigeant vers la savane à basse altitude en espérant apercevoir quelques animaux et là, je fus comblé.

Le paysage s’étendait à perte de vue. Je vis des arbres magnifiques, des lions qui attendaient sagement leurs proies. Des hyènes couraient, des girafes se ravitaillaient, des zèbres se chamaillaient,

des hippopotames nageaient dans une eau sale, un troupeau d’éléphants était aux aguets d’un éventuel prédateur, des oiseaux de toutes sortes volaient. Je survolais des villages qui, certes, étaient

d’une pauvreté extrême mais les tribus africaines semblaient heureuses de me voir passer à bord d’un engin volant qu’elles n’avaient encore sûrement jamais vu. Les habitants me firent de grands

signes amicaux que je leur rendais par courtoisie. Je me croyais au centre d’un rêve : tout était tellement beau que c’en était irréel et pourtant tout était vrai, mon rêve d’enfant se réalisait, j’avais

assez d’images dans la tête pour la réalisation de belles toiles.

J’arrivais à présent au-dessus d’un espace assez grand pour pouvoir faire une halte. En retenant grandement ma respiration, je me posai sans faire trop de manœuvres, et l’avion aussi lourd qu’il

pouvait être, atterrit sans aucune difficulté. Un groupe d’indigènes me prit par surprise et je crus à cet instant courir au-devant des ennuis car, à cette époque, les hommes blancs n’étaient pas les

bienvenus, mais avec la langue que j’avais apprise, et mon sincère respect, ils comprirent que je n’étais pas ici pour leur apporter une quelconque nuisance mais pour faire partager au monde la

culture qui les habitait et les somptueux paysages que je me mettrais à peindre sur de grandes toiles vierges. Marie avait déjà pris le soin de les acquérir et les avait entreposées dans une serre

abandonnée qui était devenue mon lieu de travail dans notre jardin, au sein de la capitale française.

Les autochtones m’accueillirent comme un grand roi et m’offrirent des cadeaux, les femmes me cédèrent des bracelets de perles qu’elles avaient réalisés, quant aux hommes, ils me firent des

discours en guise de bienvenue, et la phrase qui revenait sans cesse était « bienvenue à toi, étranger ». Je pus ainsi me ravitailler en eau avant d’inspecter mon biplan pour voir si tout était prêt

pour un nouveau décollage afin de rejoindre ma jeune et belle épouse qui m’attendait dans un abri en bois que j’avais construit spécialement pour elle.

Après avoir mangé, bu et chanté avec eux, le tout avec modération, je repris mon expédition une heure avant que le soleil ne se couche. L’avion s’éleva vers des cieux toujours plus beaux et la tribu

africaine était ébahie par le spectacle qui se déroulait devant leurs yeux ; j’eus même droit à des applaudissements.

Je décidai de contempler une dernière fois une partie de ce beau pays et tous les animaux qui pouvaient s’y trouver, une nature flamboyante d’une richesse inouïe. Les quelques nuages noirs qui

s’amoncelaient au loin n’attirèrent que peu mon attention, ce qui fut une regrettable erreur. Au retour, je fus pris à travers un épais brouillard, je volais à l’aveuglette, et il était impossible pour moi

d’atterrir dans ces conditions : j’avais perdu toute notion d’orientation, tous les cadrans du tableau de commande s’affolaient sûrement à cause de l’électricité statique de l’orage qui approchait et

n’arrangeait guère les choses. La boussole que m’avait offerte mon père juste avant de mourir m’indiquait une position de sud-est, ce qui était bel et bien mon itinéraire pour rejoindre le camp mais

disait-elle vrai ? Il fallait que je me pose avant que les cieux ne déchaînent leurs enfers.

Je commençais sérieusement à paniquer d’autant plus que le ciel était à présent zébré d’éclairs effrayants, tous plus impressionnants les uns que les autres et quand le tonnerre gronda, j’eus un très

mauvais pressentiment. J’essayais de lutter du mieux que je pouvais contre ces conditions climatiques soudaines, mais au bout d’un moment la foudre frappa de plein fouet la carlingue de l’avion. Je

commençais à tournoyer de tous les côtés et n’arrivais pas à reprendre le contrôle de l’appareil qui grinçait lourdement. Je me demandais d’où pouvaient venir ces grincements comme si l’objet

volant que j’avais conçu était vivant et que la foudre, en le blessant, lui avait fait le plus grand mal ; il pleurait comme le ferait un enfant, ce qui me fendit le cœur. Le tonnerre gronda une seconde

fois, bien plus fort que lorsqu’on est au sol. Je me voyais mourir, la chute allait être fatale si je ne prenais pas la bonne décision. Puis il se mit à pleuvoir brutalement, c’était même de la grêle

suivie de violentes bourrasques d’un vent du nord. Je me retournai complètement sonné et me rendis compte que la foudre avait traversé l’arrière de l’avion de part en part, des flammes

jaillissaient, j’étais perdu, ma vie défila en un instant, je voyais ma mère me bordant dans des draps de soie, mon père qui me donnait sa boussole, ma petite sœur en train de rire, les cheveux de

ma tendre épouse, son sourire, sa beauté, mon enfant, mon enterrement, puis j’essayai de reprendre une dernière fois mes esprits en me concentrant sur un bel événement. Je pensais à cette

fameuse nuit sur Paris, la veille de notre départ pour l’Afrique : j’étais dans une chambre couverte de fleurs, à la lumière douce des bougies que j’avais disposées dans la pièce, puis Marie était

arrivée, entièrement nue, des seins magnifiques et fermes, avec un ventre bombé que je m’étais mis à caresser tout en l’embrassant…

Ce magnifique souvenir me fit revenir à la dure réalité des choses quand la partie d’une aile de l’avion que j’avais conçu s’arracha sur une des parois du Kilimandjaro dans un bruit effroyable. Je

m’accrochai du mieux que je pus et au bout d’un moment à lutter contre les forces de la nature, je réussis à atterrir en catastrophe quelque part sur la montagne, sur un de ses versants qui

malheureusement était en pente raide, je me mis à glisser sur trois cents mètres dans un bruit que même dans vos pires cauchemars vous ne pourriez pas imaginer. La seule chose que je réussis à

discerner – car j’étais encore conscient à ce moment-là – est que l’avion fonçait droit sur un rocher. J’eus à peine le temps d’imaginer ce que j’allais devenir que je m’encastrai avec violence contre

la pierre, puis je m’enflammai au moment même où l’appareil explosa.

Lorsque je repris mes esprits, j’étais au-dessus de mon propre corps et, aussi incroyable que cela puisse paraître dans un pareil moment, j’étais serein. Une lumière blanche tout autour de moi

m’enveloppait comme dans un drap soyeux et me pénétra jusqu’à ce que je sois dans un état de profonde béatitude. Deux femmes à la beauté stupéfiante attrapèrent mes mains de la façon la plus

tendre qui soit. Lorsque je les regardai, je m’aperçus que c’étaient des anges, la sensation de froid intense qui parcourait mon corps était à présent remplacée par une chaleur réconfortante. Leurs

ailes magnifiques cachaient de jolies colombes qui s’envolèrent tout autour de moi en me montrant le chemin à prendre, celui de l’envol vers des cieux à la couleur chaude attrayante. Je mis un peu

de temps à comprendre que je basculais dans l’autre monde et lorsque j’arrivai au Paradis, je fus accueilli comme il se doit, tout le monde était d’une gentillesse remarquable.

Puis quelques saisons passèrent et tout ce dont je peux vous décrire de ma nouvelle vie est que Marie me manque et, même si du haut de mon étoile qui brille dans un ciel resplendissant chaque

soir, j’ai le sentiment de reposer en paix, mon souhait le plus cher à présent serait d’être à ses côtés auprès de mon fils qu’elle a nommé Augustin junior, comme son père. Marie, si tu écoutes mes

paroles le soir en t’endormant, j’espère te rejoindre dans tes rêves, tu entendras ces mots que je chuchoterai avec amour : « Tu es une battante, tu l’as toujours été et tu le seras tant que le

moment ne sera pas venu de me rejoindre, donne à notre garçon une éducation exemplaire, je t’aime toi et mon fils que je n’ai pas eu l’occasion de serrer dans mes bras, à mon grand regret. De là-

haut, je veille sur vous. »

FIN
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