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 Une nuit de mai, une délivrance. [Titre Provisoire]

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evasion-textuelle
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MessageSujet: Une nuit de mai, une délivrance. [Titre Provisoire]   Une nuit de mai, une délivrance. [Titre Provisoire] EmptyDim 12 Sep - 10:16

Corrigé par Moi-même.
Titre provisoire : Une nuit de mai, une délivrance.
Personnages principaux : Matthieu et Emma.
Warnings : Non, mais si vous trouvez que si. Faites le Moi savoir, je Corrigerai !



Routine. Je suis habillée différemment chaque soir, mais pour moi ce sont les mêmes vêtements. Je change d’endroits chaque soir, mais pour moi, ce sont tous les mêmes lieux infects. Je vois différentes personnes chaque nuit, mais pour moi, ce sont tous les mêmes individus pervertis par un mariage voué à l’échec ou par un emploi abrutissant. Je crois que je les aide en quelque sorte.
Ce soir, je suis en compagnie d’un homme d’affaires, indubitablement. Il doit sortir du travail et, à première vue, a l’air dans son élément. Mais ce n’est qu’un subterfuge. Il porte son costume, sur mesure, à la perfection. Ses chaussures sont impeccablement cirées, ses cheveux raides et épais forment une masse régulière et sa cravate est dénouée – reflet d’une lassitude, son seul faux pas jusqu’à maintenant. Cet ensemble-là est le costume parfait de la stabilité et du sérieux.
Mais si on l’observe plus attentivement, cet homme n’a rien de cool. Il est malheureux, cela se lit sur ses yeux, vitreux. Sa démarche est faussement dégagée et cache une frustration récente ; surement la crainte de la démission. Il a les sourcils froncés, les poings constamment serrés et il ne cesse de se mordiller la lèvre inférieure. Cela lui donne un aspect spleenétique, tel le poète moderne, martyr et incompris.
Nous n’avons pas parlé, mais je le sais. J’ai une sorte de don. Celui de comprendre les gens par de simples observations. C’est très pratique et j’en ai pris conscience très tard, il y a de ça, quatre ans (j’en ai bientôt vingt-cinq).
Depuis, je n’ai qu’une seule ambition : intégrer une école de psychologie. École prestigieuse aussi bien dans ses cours et professeurs, que dans ses prix. C’est pour cela que je me vends chaque soir : pour payer mes études. Pitoyable. J’aurais pu devenir une simple serveuse, dans un bar de nuit, mais cela demandait trop de travail. Je n’aurais pas eu la force de dormir quelques heures par nuit – espacées en plus de ça – durant des années.
Récit de ma courte vie.
L’inconnu passe alors son bras autour de ma taille, la serrant timidement. J’ai deviné : c’est sa première fois. Il n’est pas le premier et je sais comment le rassurer : je me rapproche de lui et entoure passionnément ses reins avant de lui glisser un mot à l’oreille.
Je joue toujours un petit jeu avec eux, essayant d’être la plus crédible possible dans un rôle que je connais à la perfection. J’aimerais tranquilliser tous ces hommes qui ont décidé de mettre un premier orteil dans ce milieu. Je me retiens, simplement. Que faire d’autre ? J’aurais voulu leur parler, leur demander pourquoi ils avaient pris cette décision et, peut-être dans certains cas, les empêcher, étant parfaitement consciente que je n’allais pas recevoir d’argent. Oui, j’aurais voulu en savoir plus sur chacun d’eux, mais, hélas, c’est l’usage. Nous autres femmes nous devons de nous taire, de travailler sans broncher, car c’est un choix de vie. Il n’est certes, pas comme les autres et difficile à accepter, mais c’est le prix à payer.
J’ai fait plusieurs rencontres dans le milieu. Tout comme moi, elles n’ont pas beaucoup d’amis, hormis ceux auxquels elles dissimulent leur métier du soir. Et beaucoup l’ont caché à leur famille. De mon côté, je m’abstiens d’en parler à qui que ce soit et de m’engager. Exercer cette profession est un fardeau que chacun doit porter seul, selon moi. Lourde décision, mais aussi honte de devenir ce que nous sommes. Dans ce milieu, causes et conséquences sont généralement liées. On ne choisit pas sur un coup de tête, ayant vécu une existence parfaite, de se vendre chaque soir pour son plaisir personnel, tout en perdant la totalité de sa vie sociale. Non, chaque personne que j’ai rencontrée en est arrivée là pour des raisons funestes et en est ressortie, pour certaines, avec des séquelles dégradantes. De même pour moi. Si jamais j’avouais mes occupations nocturnes, mon mari ne voudrait plus de moi et mon entourage aurait du mal à me regarder dans les yeux – à supposer que j’aie des amis et un compagnon.
Souvent, je remets en question mon choix. Cela en vaut-il la peine ?
Alors, je me répète que je ne suis qu’une jeune femme banale. Une femme ordinaire qui a une ambition réalisable si et seulement si elle donne tout – y compris sa vie sociale, ses hobbies et tout ce qui constituait son ancien quotidien. Une femme banale qui a décidé malgré elle de perdre toute fierté, de crouler sous les injures et les moqueries. Une femme ordinaire qui travaille d'arrache-pied afin de se payer des études correctes, car elle n’a pas revu sa famille inquiète.
Je n’essaie pas de stimuler la compassion et de recevoir des humbles salutations, mais pour me libérer de ce poids. Des années que je suis réduite au silence, que j’use de ma beauté. Des années que chaque soir, je me regarde dans la glace de ma salle de bain minuscule et que je reste immobile, les yeux rivés sur ma figure, sur mon corps nu et maigre. C’est durant ce rituel journalier que je me hais le plus, que je ne reconnais plus la personne dans le miroir. « Que suis-je devenue ? Une loque humaine méprisable et ramollie ? J’en ai bien peur. »
Mais maintenant, c’est fini. J’en ai assez de cette routine, de ces mensonges, de ce que j’ai fait de moi, de ma vie. Cette décision m’a enlevé toutes libertés, toute estime. Je ne suis plus heureuse. Mes études sont quasiment terminées et je ne tiendrai jamais les quelques mois restants en continuant mon métier nocturne. La femme banale à grande ambition ne se tuera plus au travail – aussi bien moralement que physiquement –, elle ne rentrera plus chez elle chaque soir, se sentant sale et souillée et elle ne posera plus jamais les yeux sur son visage avec une expression de dégout. Non.
Cela fait un semestre que j’y réfléchis, hésitante, mais aujourd’hui est le bon jour, de même que pour l’homme discret à mes côtés.
Nous entrons alors dans un petit hôtel, il prend une chambre et nous montons jusqu’à elle. Parvenu là-haut, il toussote et, de mon côté je juge qu’il est temps :
— Que vous est-il arrivé pour que vous décidiez de payer pour ça ? N’avez-vous pas de compagne ?
— Je… Nous sommes en plein divorce, murmure-t-il troublé par ma curiosité.
— Comment vous appelez-vous ? Autant passer directement à ça, j’ai l’intention de vous parler longtemps.
— Matthieu.
— Très bien Matthieu, soyons francs vous et moi, vous n’avez pas du tout envie de poursuivre, n'est-ce pas ? Vous cherchez juste un semblant de compagnie, féminine qui plus est, car votre femme vous manque. C’est tout à fait banal. Mais vous savez, vous avez de la chance d’être tombé sur moi. Ma collègue aurait sauté les banalités d’usage et serait passée directement à l’action, exactement tout ce que vous attendiez. Mais alors, elle vous laisserait, vous et votre mélancolie, sur le trottoir de l’hôtel et elle partirait assouvir le désir d’autres individus dans votre cas, et vous vous sentiriez comme le plus répugnant, le plus faible des hommes sur terre. Vous avez des enfants ?
— Oui…
— Vous imagineriez donc vos enfants – qui vont surement émettre la volonté d’habiter chez leur mère –, apprenant la terrible nouvelle, et vos jambes chancelleraient sous le poids de la honte. Non, Matthieu vous ne voulez pas continuer. Tout comme moi depuis des années. Je le sais, c’est tout. Maintenant, je ne ferai rien et si malgré le flot de vérité qui vient de vous assaillir, vous avez quand même envie de faire de vous une personne sans âme, dans ce cas sortez et longez la rivière, vous trouverez votre bonheur.
Il ne répond pas et reste bouche bée, les bras ballants. De mon côté, je m’assois sur le lit et patiente. Je compte les secondes poussant ma réflexion sur ma décision : arrêter tout ce cirque et vivre. Mais alors, quand je m’y attends le moins, Matthieu s’installe à côté de moi, et commence à me raconter :
— C’est ma femme qui a voulu divorcer. Mes fonctions me rendaient invisible aux yeux des petits et je n’avais pas une minute pour mon entourage. Je ne vivais que pour lui. Elle s’en est plainte, je n’ai pas changé et un jour j’ai trouvé un avocat chez moi. Depuis, je suis amorphe autant à mon travail qu’au sein de ma famille. Je ne souris plus, sauf à mes enfants adorés, pour lesquels je me force. J’ai gâché ma vie et il m’a fallu quarante ans pour m’en apercevoir. Toute mon existence n’a été dédiée qu’à ma carrière. Je me suis marié sans vraiment savoir, ai eu des Aline et Hugo sans vraiment y faire attention et je me rends compte que je ne les ai jamais regardés comme un vrai père contemple sa progéniture. Je me fais honte. La seule chose pour laquelle j’excelle est mon travail. Étonnant. Je n’ai pas d’amis, juste quelques collègues qui m’évitent depuis plusieurs mois. C’est l’unique solution que j’ai trouvée : payer une personne de votre métier. À présent, c’est à moi de vous demander votre nom.
— Je m’appelle Emma et je suis contente de vous avoir dissuadé à vous laisser couler dans les abysses de votre lamentable existence. Ne perdez pas espoir. C’est le premier jour du reste de votre vie. Nous avons un point commun, vous savez.
— Ah oui et lequel ?
— Nous ne sommes pas les personnes les plus respectables qui soient, mais au moins, nous ne sommes pas les pires. Il n’est pas trop tard pour nous reconstruire. Nous sommes jeunes et avons du potentiel. Nous aspirons à réussir. Nous ne sommes pas méchants et sommes attachants.
— Qu’allez-vous faire de votre vie Emma ? Et pourquoi avoir voulu travailler en tant que… ?
— De la psychologie. Et j’espère ne pas tomber sur vous un beau jour, complètement sénile, ris-je. J’en suis arrivée là pour percer dans la société, tout comme vous. Je me disais, quand j’étais tentée de renoncer, que c’était un travail comme les autres et que j’en avais besoin pour payer mes études. Je n’ai pas d’amis non plus, ni de mari et j’ai une famille que j’ai choisi d’abandonner par honte.
Je me lève et m’étire, puis tends la main à mon camarade :
— Et bien Matthieu, vous êtes le premier à qui je parle. J’ai toujours voulu en savoir plus sur ces hommes qui se réduisent à des pratiques si dénigrantes.
— Chose faite alors. Je suis content de m’être trompé sur l’intégrité de jeunes femmes dans votre situation.
Nous descendons ensemble les marches de l’escalier, il règle la somme minime et nous nous retrouvons dans le hall.
— Nos chemins se séparent ici. Promettez-moi que, sorti de cet hôtel, vous aurez le sourire et voguerez sur les bords d’un rivage inconnu, dis-je.
— C’est promis si vous le jurez aussi, rit-il. Au revoir, Emma et merci pour tout.
— Ne vous en faites pas ! Au revoir. Je suis contente de vous avoir connu.
Je quitte l’immeuble, les larmes aux yeux. Des larmes de joie. La joie de la liberté. Voici le début de ma nouvelle vie.
La nuit est lugubre, mais elle me semble juste enténébrée d’espérance, de délivrance. Il pleut. Qu’importe ! Je me mets à sautiller comme une enfant dans les flaques d’eau et m’esclaffe sous les regards inquiets des rares passants. J’ai mal aux joues de rire : cela fait tellement longtemps que mes lèvres ne se sont pas étirées en un sourire, même discret.
Ainsi, je rentre chez moi en gambadant sous les torrents de pluie, la tête vide, une autre vie qui m’attend, car enfin c’en est fini.
Un crissement retentit alors. Je me retourne et dans mon champ de vision, apparait l’apothéose de ma vie. Elle me percute de plein fouet. Et enfin, c’en est fini.
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